Menerville

Triche ce temps qui passe lent
se traînant à inventer la colère.
Il gronde dans les travées scolaires.
La froidure réinvente la douleur.
Il pleut des larmes glacées
et le ciel tonne tout furieux dans les oreilles aphones.
Le temps s'invente des passions qui fachent
et rebute les cœurs perturbés.
Il neige en des veines glacées.
La buée acide semonce les poitrines contractées.
Les battements vacarment,telle une houle qui cogne.
Angoisse, tout est angoissant.
Les enfants sont dehors, il fait froid dans les ruelles.
Les cartables tardent à se rouvrir.
Les livres s’empoussièrent.
Les ardoises sont redevenues noires.
Et l'encre s'est asséchée.
Les écoles pleurent des absences juvéniles .
Dans les cours livrées au désordre, il bavasse.
Il se ressasse des dits superflus .
Les pupitres pleurent des silences.
Les rêves s'envolent et font mal.
Il pleut partout et tous hurlent.
S'égosillent.
On s'aphasie .
Personne n’écoute.
Tous parlent des langues étrangères inconnues.
On s’assourdit,les yeux dans les yeux.
On se langage-sourds-muets.
On revendique le droit de priver l'enfant de lumière.
On s'acharne.
A tuer l'esprit.
Il ne fait pas bon en ces climats tendus.
On ne se parle plus.
Les regards se détournent.
Il fait froid partout.
Et il pleut des enfants qui pleurent.
les ados sont dans la rue.
Déboussolés, désorientés.
Ils boudent les classes.
Masos, ils reniflent et s’asphyxient
à défendre leur bourreau d'avenir.
L'inquisition est là.
Le vent de l'Est est porteur.
Il emmène dans le passé
des générations privées du Demain.
Il assèche le beau et cultive la haine.
Il vente de l'est et nos lycéens crachent au ciel.
Il vente de l'est des maladies terribles.
Et les thérapeutes sont aux abonnés absents.