Menerville

Tu es rentré chez toi .
Elle n’était plus là.
Tu l'a appelée au téléphone.
Le téléphone est resté muet.
Oui, muet comme cet amour qui se meurt.
Un amour mort qui tue à aimer dans la solitude.
Elle est partie dis-tu.
Elle t'a laissé un mot.
C'est dur, je sais.
Tu l'a cherchée longtemps sans résultat.
Certes la pilule est difficile à digérer.
Pourtant, il faut faire avec.
Vivre avec comme un homme qui aurait perdu la vue.
Et le temps qui passe guérit
Il faut se dire que la vie est ainsi faite.
On aime , on est aimé et puis l'amour n'est plus là.
Il tourne le dos.
Bien sur on essaye de faire comme si ...
Mais sans résultat.
On espère bien un miracle .
On y croit sans croire vraiment.
Car l'ère des miracles est définitivement close.
On pense au baton de Moise, à la bague de Sinda Souleymane.
Au lève-toi et marche de Jésus.
Et on se dit pourquoi pas moi ?
Mais, non, car un miracle est l'apanage des saints, des prophètes.
Mais de saint et de prophète, le monde, notre monde en est dépourvu depuis déjà ...
L'Amour est une saInteté qui normalement devrait se suffire à lui meme.
Il devrait gérer les relations entre amoureux.
De les unir.
Il a pour tache immense d’aplanir les incompréhensions.
Et les riens qui fâchent devraient céder devant sa force impétueuse .
Qui piteusement devraient se diluer entre un bouquet de fleurs, un sourire, une romance, un bisou, une étreinte.
Mais quand cela ne suffit pas ,il y a divergences sévères, il y a plus que des malentendus, il y a sécheresse de sentiments.
Sentiments qui finalement se sont évaporés dans un ciel devenu hostile tout à coup.
Le bon génie qui protège une relation a détourné son regard.
Se peut-il que meme les génies perdent patience ou sont, peut être, eux aussi, au service des causes plus importantes ou faits pour plus grands, pour plus forts .
Et là, il y a drame.
Le drame d'un amour qui se meurt.
Que te dire mon ami, je sais que tu souffres.
Je sais que tu n'as plus goût à rien.
C'est difficile de perdre ses illusions, de panser un coeur qui saigne quand ta belle s'est fait la malle.
C'est presque mortel de se réveiller un matin et de savoir qu'un monde , le tien, celui que tu as bâti patiemment, amoureusement, s’écroule sans rémission.
Oui, il est cruel de continuer à faire comme si ...
Mais je sais aussi qu'il ne sert à rien de se leurrer.
De croire qu'on peut soigner une jambe de bois à l'aide de bandage et de perfusion.
Il est venu le temps des espérances vaines à abstraire.
Il ne sert à rien de picoler, pour oublier.
Personne n'a pu le faire avant.
Si l'alcool avait été un refuge cela se serait su.
Su bien avant.
On boit pour être gai, pour faire la fête pas pour pleurnicher.
Je te comprends.
Mais tu sais, je ne suis pas dans le jugement mais il me souvient d'une mise au clair paternelle.
Il m'a dit un jour.
Si une personne te mets hors de son cœur, remets-toi en cause.
Le mal est peut être en toi.
Je te comprends mais l'alcool n'est pas un bon refuge.
La douleur de la perte d'un cœur qui ne bat plus pour toi est immense.
Je sais.
Comme est immense ton droit à la renaissance
A être un homme nouveau.
Un homme qui assèche ses peines qui coulent en cascades sur ses joues
Un homme qui se secoue et qui regarde droit devant pour voir ce beau temps à venir chasser peu à peu un ciel gris qui lui bouchait l'horizon.
Qui lui grisaillait la vie.
Allez, suis moi mon ami.
Allons respirer ailleurs un air plus frais.
Il est temps de voir les choses autrement, temps de tirer un trait.
Temps d'un oubli qui guérit une mémoire torturée et un cœur meurtri.
Allons ami, allons ailleurs.
Allons suis moi , allons prendre quelque chose qui nous rendrait joyeux.
Allons parler de demain puisque hier te fait mal.
Allons prendre un pot mais pas ici.
Ici, te rappelle trop de choses.
Allons prendre un verre qui fait la fête à tes peines .
Allons ailleurs et cesse de faire comme si ... !
Ouvre les yeux.
Et souris.