Menerville

Je vous demande humblement de m'excuser,si ma mémoire s'est parfois emmêlée les pinceaux, ho pas sur l'essentiel, mais sur quelques détails que je serais heureux de voir rectifiés.
Merci à vous.

Ahmed où le rêve d'une vie brisée.

C'était mon ami, le meilleur des amis.
Il était aussi un personnage emblématique de la ville.
C' était un jeune homme, charmant, rieur, sympathique .
Un déconneur de première catégorie.
Tu l’écoutais cinq minutes et tu te marrais deux heures.
Il avait le don de captiver l'auditoire.Son air naïf à la Chaplin incitait déjà aux éclats de rires sans qu'il ait à dire le moindre mot.
C’était un tribun qui arrivait à retenir l'attention d'un auditoire des heures durant, sans problème et sans efforts apparents.
Un comédien né dont la compagnie était très recherchée.
C’était aussi un homme fait d'une seule pièce. Il ne savait pas louvoyer, ni tricher.
Ce qu'il avait sur le cœur, il le disait .
Et ses lèvres ne s'ouvraient que pour révélaient le beau qui était en lui.
Il était aussi d'une modestie incroyable.
Ahmed était le bon vivant type.
La vie lui souriait et il le lui rendait bien.
Il était mon ami, un camarade de classe depuis l'enfance.
Après des études à Alger à l’école des douanes, , il devient à un age très jeune, officier,car à l’époque la valeur faisait la nique aux nombres des années.
Il devint officier des douanes,disais-je et ses malheurs commencèrent.
Il travaillait au port d'Alger et était sollicité par une meute de gens qu'il aidait du mieux qu'il pouvait.
Il était connu pour sa générosité et son grand cœur.
L’honnêteté d'Ahmed était proverbiale et n'avait d’égale que sa gentillesse et sa naïveté presque maladive.
Il ne savait pas dire non.
Et tout le monde le savait et en profitait.
Un soir , il reçu chez lui, un quidam , émigré de son état, habitant la ville voisine qui voulait faire dédouaner très rapidement son véhicule importé de France, une 404 bâchée , voiture commerciale très recherchée à l'époque.
Il faut savoir que, en ce temps là , la bureaucratie faisait des ravages et votre véhicule pouvait rester , à rouiller, bloqué au port, sous douane, des mois durant.
Le quidam se disait envoyé par un parent à lui , ami d'Ahmed. Ce qui était vrai.
Ahmed répondit que le dédouanement des véhicules ne faisait pas partie de ses attributions.
Il l'envoya avec un mot de recommandation ,au responsable du service concerné qui, sans pudeur, demanda une kahwa sonnante et trébuchante.
Ils se mirent rapidement d'accord sur le montant mais, il leur restait à trouver la marche à suivre pour le paiement.
Ce qui n’était pas évident.
Le douanier était frileux et très vigilant.
C’était un loup madré, habitué aux coups tordus.
Il proposa à l'émigré de remettre la somme à Ahmed qui la lui remettrait en main propre.
Il ne restait plus qu'à convaincre Ahmed.
Mis au courant de la situation il finit par " marcher" dans la combine .
Et cette erreur allait, malheureusement, lui coûtait cher, très cher d'autant plus qu'il n'avait absolument rien à gagner dans l'affaire.
Un rendez-vous fut organisé à Thénia et le propriétaire de la voiture vint remettre la somme dont les numéros des billets furent relevés et remis à la police qui arrêta Ahmed.
Il fut condamné à la prison perdant et son travail, sa famille et sa bonne humeur coutumière.
Sa vie était fichue et il ne s'en relèvera jamais.
Il vivota de petits boulots, en petits boulots et fini carrément , sans travail, acceptant la charité de ses amis .
Il faut dire à sa décharge qu'il n'a jamais tendu la main à personne .
En ville tous le connaissaient lui et son histoire et l'aidaient du mieux qu'ils pouvaient.
Il s'en alla un jour comme celui-ci pour un monde meilleur dans le domicile de sa fille aînée à laquelle il rendait visite dans une ville voisine .
Nous l'avons enterré à Thénia, chez lui selon son vœu.
Il repose dans le paisible cimetière qui domine la ville qu'il a tant aimée et où il a trouvé une paix qu'il avait tant recherchée de son vivant.
Repose en paix mon ami, tu étais un ange que la vie n'a pas ménagé et tu es parti, comme seuls les anges partent,en s'endormant un soir , une nuit, chez ta fille, d'un dernier et très long sommeil,le dernier, pour une autre vie, surement meilleure ailleurs.