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#1 13-12-2016 19:51:33

Djillali
Membre
Lieu: algerie
Date d'inscription: 01-12-2016
Messages: 126

Le val fleuri .

Je remets ce texte, qui date un peu, certes,  afin qu'il soit plus visible pour le lecteur.

Le val fleuri.
Des collines chaleureuses abritant des douars valeureux.
Des mechtas, en sentinelles, le regard vigilant et affectueux
Se déclinent en postes de garde dont les guérites étaient
La trame d'une heureuse géographie que ponctuent, çà et là,
Des lieux-dits, cocons originels, où chaque divin fil de soie
S'offre le plaisir d'un patronyme à la sonorité harminieuse
De phonèmes bien de chez nous : Béni-Arab, Boukhanfar,
Guedara,Maghaldane,Mahrane,Ouled Ali,Tabrahimt,Soumaa...
De belles et blanches cités encore aux noms d’étrangers oubliés
Siegwald, Morla, De Rose, Carratero, De la Sablière, Just.
Un amour de rues : principale et adjacentes, serpentines
Flânant langoureusement à travers une ville verdoyante,
Égayée à intervalles irréguliers de frênes majestueux
Et d’eucalyptus géants qui partaient à la conquête du ciel.
Une floraison de coquettes villas aux façades blanches
Comme plantées délicatement aux flancs de deux collines
Qu’accompagne un val en lit d’oued paré de tuiles écarlates.
Des petits jardins où régnaient des fleurs magnifiques,
Aux couleurs bariolées, aux senteurs subtiles, envoûtantes :
Rose, arum, glycine, lilas, jasmin, iris, tulipe, géranium
Qui parfumaient nos promenades les longs soirs d’été.
Des treilles qui croulaient sous le poids de grappes dorées
Cépages aux noms prestigieux à consonance musicale :
Chasselas, Muscat, Dattier, Cinsault, Perlette, Sultanine
Dont les grains juteux sont un vrai péché de gourmandise.
Des pommiers, des poiriers, des figuiers, des jujubiers,
Des orangers, des mandariniers, aux fruits tentateurs
Que les chenapans que nous étions chipaient avec joie,
En détalant devant des propriétaires totalement furieux.
Des écoles magnifiques accueillant des enfants studieux.
Un hôpital moderne et renommé, une belle petite poste
A laquelle était adossé un coquet et mignon marché couvert
Où l’odeur de sardines rappelait la proche « grande bleue. »
Une placette plantée d’arbres taillés et à l’ombre desquels,
Musardaient tous les désœuvrés et les bambins des environs
Ravis d’entendre, écrasées sous la semelle de leurs souliers,
Chanter allégrement des petites boules jaunes, tombées du ciel,
Un hymne dédié tout simplement au bonheur d’être « d’ici ».
Une mosquée, une église catholique, un temple protestant
Triangle dans lequel coexistaient convictions et liberté de culte.
Un hôtel de ville, merveille de conception et d’architecture,
Au soubassement duquel une belle salle des fêtes paradait
Proposant au regard ébaubi une scène digne des grands théâtres.
Une gare où passaient trains et « Michelines » et sur les quais
De laquelle, nos esprits d’enfants rêvaient de grands voyages,
Naïfs que nous étions déjà de vouloir quitter le paradis sur terre.
Tizi Ath-Aicha, Ménerville, Thénia, histoire plurielle malmenée,
Ville cosmopolite, carrefour où toutes les tentations s’opposaient,
Réceptacle fidèle où joies et peines depuis l’enfance s’alternaient
S’entremêlaient, se séparaient longuement, puis se recroisaient,
Laissant blessures et cicatrices marquer nos âmes en devenir.
Lieu de tolérance, de culture, miroir de la mémoire collective,
Ville altière, ville magnifique, ville insoumise et pourtant fragile,
Ville devenue virtuelle, vivant dans de douloureux souvenirs,
Instantanés sublimés d’un passé lointain que le temps ne ride plus,
Je t’ai en moi, gravée, précieux symbole d’Amour et de souffrance.

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