Menerville

Naif comme une carpe qui se met à parler,j'oublie comme ce matin de me taire.
J'oublie parfois que dire n'est pas aisé.
Pas simple.
Que la prouesse de dire n’était pas que d'aligner mes mots .

Des mots qui suivent des mots .
Pas n'importe quels mots.
Des mots choisis qui font le juste, le vrai,le réel, le bon, le beau.
Des mots qui chantent, qui portent, qui ravissent, qui rassurent .
Des mots qui, une fois sortis, restent miens.
Des miens pas imputables à autrui.
Des mots dont je serais fiers.
Des mots personnels qui touchent autrui et alentours.
Des mots qui s'aiment, qui essaiment, qui sèment, vous aiment  et qui portent.
Des mots si personnels et si avérés que nul soupçonneux attristé, n'accuse d’être à d'autres.

Mais souvent mes mots me deviennent féroces ,pas indulgents et me disent autre chose.
Autre chose que ce que j'ai cru dire.
Mes mots ne sont jamais méchants.
Mais là, ils se veulent vitriole.
Ils me disent, Djill wach bik, les mots du jour , oui de ce matin, sont tiens mais tu es passé à coté de la plaque.
Tu as quand-meme, oui oh malheur, tu as tout faux.

Etonné, triste ,je me mets au fond .
Je regarde de loin, avec du recul mes mots tracés au tableau.
Je regarde mes mots tracés au tableau et je songe.
Ces mots, que je voulais  humbles mots, gentils mot ,me seraient-ils trompeurs pour une fois?
Ai-je tout faux?
Est-ce possible que l'idée, la pensée émise, s’altère une fois alignée au tableau ?
Le marker y est-il pour quelque chose?
L'encre peut-elle denaturer le dit ?
Ou est-ce ma main ?
Qui ,oui qui, oh mon dieu, à mon insu, mais plus sournois, use de mots qui trompent, manipule, et dit ce qu'il veut.
Ce qu'il veut que je dise à sa place.
Que nenni.

J'essaie d’effacer le tableau
De reprendre mes mots.
Les mots dits, sont maudis et pas re-prenables
Pourtant, j'essaie d''arrêter de les voir désunis et soumis à autrui .
Mais la brosse est inefficace.
L'objet d'habitude serein et obéissant passe sur les mots, glisse et ricane.
Il sait lui que seul l'esprit et le cœur  retors qui ont  ordonné à ma main, et ma main à mes doigts, mes doigts au marker et du marker au tableau d'accepter de recevoir alignés des vocables, pas beaux, pour dire le faux, pourraient  réussir.
Réussir à contredire l'irréel. .
Reussir à revenir à un tableau tout blanc.

Ce matin mes mots sont tout faux.
Et le tableau reste noir.
Je le sais, je le sens.
Dieu du ciel que mes mots me sont désobéissants, ce matin.
Est-ce du au climat délétère ambiant qui ment partout ?
Oui, vous le savez autant que moi, sinon mieux,qu'il est des jours avec et des jours sans.
Des jours sans mots qui chantent.
Qui plaisent, qui agréent.
Des mots qui enchantent.

Alors , Djill, stop, tourne la page, ferme le cahier, oublie le tableau, la sérénade des mots, du vrai, du réel, du juste, du bon, du beau c'est pour plus tard. ,

Plus tard, quand les cœurs cesseront de ne plus être  au beau.

Dernière modification par Djillali (12-02-2018 18:55:07)