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#1 09-08-2017 15:22:12

Djillali
Membre
Lieu: algerie
Date d'inscription: 01-12-2016
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Traumatisme.

Un matin tot, sur une route de montagne,un doigt, un bouton, une charge et le destin d'une famille réorienta son cours.
Une batterie , un fil , une étincelle, une explosion des jeunes à la fleur de l'age quittèrent ce monde déchirés, dans la douleur.

Et cette explosion massacra une famille dans son ensemble.
Ce peuple , les fils de ce peuple passent de traumatismes en traumatismes aggravés jour après jour.
Il y eut les guerres d’indépendance qui s’arrêtèrent en 1962 contre les occupants externes à ce pays. Depuis 1962, la marmite bouillait latente sous des braises enfouies dans une cendre trompeuse.

Les années 60-70 avaient ce calme des gens sommeillants, mais pas apaisés. .
Le manque de liberté, la confiscation des droits civiques, la mise sous le boisseau d'une langue millénaire et l' acculturation d'une société sans repères historiques prépara le lit chargé d'accueillir des ideologies néfastes, importées et une vision religieuse nouvelle qui s'essaye aujourd'hui encore à balayer l'esprit et la lettre de la flamboyante Cordoue de nos parents, de nos ancêtres.

Il y eut dans ce pays, les séismes d'El Asnam,puis de Boumerdés et leur lots de douleurs, de blessures pas encore apaisées , pas encore cicatrisées.
Meme pas oubliées qu'un jour déjà, une bande d'assassins, un ordre venu d'un bourreau invisible, et le destin d'un pays , d'une famille, bascula.
Il y eut d'abord le fils de 24 ans innocent comme l'agneau qui vient de naître qu'on tua pour des intérêts que sa présence sur terre ne gênait en rien.
Hakim comme d'autres enfants de ce pays, Hakim en symbole d'une nation qui tue les siens, pour rien,mourut.

Et le destin effilocha une famille, un peuple, comme une maille peut détricoter, dénouer la trame la plus serrée d'un tissu de laine.

Ensuite, le père partit.
Et une bibliothèque brûla et gommant le savoir, la mémoire collective .
Père n'a jamais pu concevoir qu'un vieillard de 93 ans puisse enterrer son fils de 24 ans.
C’était contre nature.
Pour lui le sens de la vie n'avait pas été respecté.

Le destin lui avait joué un tour.
Et malgré son incroyable foi et son acceptation en conscience de la volonté divine, il mit genou à terre,car là, le coup était sévère.
Et il ne comprenait pas.
Aucun papa ne peut comprendre cela.
Il se laissa partir et ne lutta plus , pressé d'aller rejoindre ce fils tant adoré.
Et il s’éteignit 6 mois après, comme une bougie que l'assassinat de Hakim moucha, la privant d’oxygène de vie.

Père partit et le destin d'une famille continua son oeuvre destructrice.
Comme pour tous les membres de ce peuple.
Car nous n’étions pas les seuls.

Puis, mère fit un AVC.
Elle ne s'en relèvera pas.
L'affection et l'amour pour les enfants d'une famille s'enfuit loin de nous.
Mere partie et ce peuple devient orphelin de l'amour, de l'affection et s'aride jour après jour.
Et elle partit à son tour dans la douleur et le désespoir comme toutes les mères de ce pays qui ont vu leurs enfants les précéder dans la mort.

Et de mort en mort ,les traumatismes s'aggravent pour tous et essaiment.

Amar l’aîné fit une crise cardiaque .
Il ne supporta jamais le choc de l'annonce de l'idiot en treillis qui l’interpella dans la rue pour lui annoncer sans aucun ménagement le décès violent de son benjamin de frère qui reposait dans l'ambulance qui suivait.
Il décéda à son tour le cœur déchire par des crises répétées.

Amar quitta ce monde et le destin d'une famille sombra et avec lui l'idée meme de fraternité en symbole s'envola vers d'autres contrées.

Djamal l'autre frère qui déconseilla au plus jeune d’émigrer comme lui à Londres, avant l'accomplissement de son service militaire, culpabilisa et continue encore aujourd'hui de porter ce traumatisme comme un boulet trop lourd à trainer.
Et il sombra lui aussi de son vivant.

Un jour quelqu'un donna un ordre, pour appuyer sur un bouton et ce geste détruisit un peuple, une famille.

Le peuple algérien et ma famille se reflètent dans un meme miroir tel des images juxtaposées par les memes secousses, les memes pressions.

Nous, tous n'arrivons plus à voir, à avoir un meme visage dans une glace.
Les jours qui passent nous changent tous les jours.
On ne se reconnait plus.
Les repères, les acquis d'antan qui soudaient un peuple ne sont plus là.

Nous n'avons plus de modèles pour nous guider nous et nos enfants et les enfants de nos enfants.
Les adultes infantilisés par les chocs, les événement gisent, perdus noyés en eux meme et ne sont plus des modèles pour leurs enfants
Nous vivons dans une bulle ou l'autre est exclu.
Nous avons inventé des maximes pour cela.
Takhti rassi.

Le désespoir est tel qu'au lieu de se souder on git égoïstement chacun dans son coin.

On a perdu l'amour du travail
L'amour du beau.
On ne respecte plus personne .
On ne se respecte plus soi-meme
Nous avons acquis malheureusement " la haine de soi et de l'autre", souvent sans motif et sans raison.

Les traumatismes sont tels que nous détruisons tout, salissant nos rues, nos prés carrés, nos jardins et jusqu'à nos demeures .

Nous avons cassé le miroir collectif dans lequel nous nous mirions tous en tant que nation et les millions de débris obtenus qui abritent nos egos traumatisés, nos divisions égoïstes nos visions réductrices devenus parcelles désunies peuvent préparer un avenir très sombre.

Un jour quelqu'un donna un ordre, pour appuyer sur un bouton et ce geste détruisit une nation.

Mais, il est encore temps de balayer devant sa porte.
Nos portes.
Temps de cesser les divisions.
Temps d’arrêter d'actionner des boutons
Temps de ré-occuper nos pouces à faire autre chose
Il temps d'ouvrir d'autres écoles pour tous, y compris pour nos enfants, écoles modernes, modernistes, orientées vers la vie, l'espoir et le futur et non pour préparer un au-delà qui refusera de toutes façons,d'accueillir des gens pas propres dans leurs corps et leurs esprits et qui ne croient pas , en vérité,réellement en lui, tant par leurs actions, leurs convictions que par leurs façons d’être au quotidien.

Un jour, quelqu'un dans un laboratoire, une officine nébuleuse, créa la division ,la haine et le virus fut lâché ...

Djillali Boutiche

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