Retour accueil ==> Menerville.free.fr

#1 27-06-2017 01:03:59

Djillali
Membre
Lieu: algerie
Date d'inscription: 01-12-2016
Messages: 126

Aida.

- Monsieur, Monsieur, mon camarade de classe, Lyès, a oublié son cahier à la cantine. »
- Dépose-le sur mon bureau, nous le lui remettrons cet après-midi. »
- Pardon monsieur, il vient juste de sortir, je vais le lui apporter, d’accord ? »
- Mais il habite un peu loin de chez toi, ma fille, tu ferais un trop grand détour !
Laisse, il l’aura tout à l’heure à son retour. »
- Monsieur, nous avons un devoir surveillé, il en a peut être besoin pour réviser ses leçons, monsieur. »

Devant mon air dubitatif, la fillette trépignait d’impatience et sautillait sur place : « S’il vous plait monsieur, s’il vous plait, s’il vous plait, je peux y aller ? »
Ajouta-t-elle d’un air si suppliant que je finis par céder.
- Bien sur ma fille vas-y. »

Et la petite ravie de rendre service à son petit camarade détala en coup de vent. Je la regardais partir et j’admirais en elle cet esprit de camaraderie unique dont les liens désintéressés ne sont jamais aussi forts que lorsqu'ils sont tissés dans les milieux scolaires et avec cette spontanéité remarquable qui caractérise les bambins.

Une bien grosse poignée de minutes plus tard, le gardien vint me prévenir qu’une petite fille pleurait devant le portail de l’école.
C’était la petite de tout à l’heure.
Je lui demandais la raison de son chagrin .
Elle m’expliqua laborieusement qu’elle n’avait pas trouvé son camarade et, le cahier à la main, elle ajouta::
« il va avoir une mauvaise note monsieur et ce sera de ma faute », puis elle fondit encore en larmes.

Elle pleurait vraiment, et des sanglots violents hachuraient le rythme de sa poitrine et les larmes coulaient à flots sur ses joues .
Elle essuyait du revers de la main son mignon petit nez qui commençait à rougir, reniflait par à coup, et je restai là, immobile, presque désarmé devant ce chagrin juvénile et sincère.

La situation se débloqua pourtant très vite par l’arrivée du camarade qui revint chercher son cahier. Elle courut vers lui et lui dit :
« Voilà ton cahier, tu l’as oublié à la cantine. » .

Il le lui prit des mains et, sans la regarder ,sans même la remercier, le jeune écervelé s’en alla dans la direction opposée, ignorant totalement, qu’à un petit moment, sa petite étourderie fut sans qu’il en soit conscient, la cause d’un désarroi et d’une peine réelle.

Elle ne lui demanda pourtant rien .
Elle le regarda juste partir et le visage souriant tout à son bonheur et à sa bonne humeur retrouvée, elle rentra chez-elle, avec au coin de l’œil, une petite lueur énigmatique et malicieuse que je trouvais magnifique.

Je trouvais magnifique aussi le métier formidable qui me permettait de vivre de tels moments.
Ps : Pour l’anecdote, la petite fille avait onze ans, à l’époque des faits.
Elle s’appelle Aïda .

Hors ligne

 

Pied de page des forums

Propulsé par PunBB
© Copyright 2002–2005 Rickard Andersson
Traduction par punbb.fr