Retour accueil ==> Menerville.free.fr

#1 04-05-2017 06:05:41

Djillali
Membre
Lieu: algerie
Date d'inscription: 01-12-2016
Messages: 126

La mise à nu.

Ce soir, je m’épanche.
Je fais la mise à nu.
J'ouvre la porte et je laisse filer des choses non dites.
Des choses retenues.
Ce soir , j'ouvre la poitrine et l’âme s’épanche.
Elle dit.
Elle crie.
Elle peint sur du dit difficile à offrir.
Les semaines qui s’étirent commencent à devenir pesantes.
La fin de l'année scolaire tire à sa fin.
Il va bientôt faire chaud et les enfants ne sont pas réceptifs en périodes de chaleur.
Enfin pas trop.
Et puis Ramdhan s'annonce pour bientôt, m'a-t-on dit.
Ne sursautez pas.
Je ne suis jamais en phase avec les dates.
Je ne l'ai jamais été.
La religion n'y est pour rien.
Et je n'ai rien contre elle.
Pour moi les journées passent et le calendrier, je n'en ai cure.
Il y a toujours bien quelqu'un qui vous prévient de la date de votre anniversaire.
Et la vie étant ce qu'elle est,sournoise et difficile parfois.Et si il lui arrivait de vous esseuler au point qu'il ne reste personne pour s'en souvenir, tant pis fêtez le , un premier Mai de chaque année , le monde entier le fêtera avec vous.
Une date reste une date.
Pas plus.
Elle ne suggère rien d'autre.
Rien d'autre que le temps qui passe
Ce soir je m'épanche, je dis.
Les compositions sont programmées pour fin mai.
Il était temps.
J'adore ce métier.
Mais le pratiquer dans des conditions défavorables, me gène.
Me gène moi.
Et les gosses.
Je n'y suis pas efficace.
Personne ne l'est.
On traîne son envie de bien faire comme le ferait un soldat afflué d'un fusil trop lourd qu'il traîne,attendant la quille.
Et gagner un salaire immérité me fait suer du ciboulot .
Faire de la garderie, aussi j'aime pas trop.
Je ne suis pas branché esprit crèche.
Les mois commencent à devenir pesants.
Et ce soir, je dis.
Mon humeur maussade.
Les mois passent et deviennent pesants .
Enfin pas tant que les années passées chez Elhoukouma .
Surtout les dernières, celles d'avant la retraite.
Mais dites moi, s'il vous plait, un éducateur a-t-il une retraite ?
Peut-il mettre son cerveau en jachère et aller à la pèche quand il y a des marmots les yeux brillants qui attendent et espèrent ?
j'ai bossé pendant 40 ans dans l'enseignement public.
Normalien. Bouzaréa promo 1970.
Ne croyez pas que je frime.
Cela ne veut plus rien, dire être normalien.
On y est aussi analphabète qu'un autre.
Surtout par ces temps qui passent .
Je m'épanche encore et les mots s'invitent.
Durs,secs, arides.
Je suis sorti en retraite le 1 sep 2012. Ce jour là, en quittant l’école, sur le chemin qui m'éloignait d'une passion, je me suis remémoré le fil de ma carrière .
Je me suis souvenu de l’idéal qui nous a incité, poussé au début à faire de l'enseignement notre métier , en sacerdoce sacré et les résultats obtenus après 1985 et l'arabisation le tout mis en balance avec les attentes du métier , j'avais envie de pleurer.
Ce n'est pas le métier que je pleurais.
Non , ni ma présence sur l'estrade.
Tout ce temps.
Ni les gosses.
Dans des classes allant parfois au nombre 50.
Ni le choix du métier, Non du tout.
Ce soir, je hurle mon esprit rebelle.
Ce soir, plus de déontologie,ni devoir de réserve, ni tikouk .
Ce soir je crache le morceau.
Je pleurais un idéal rogné par des décisions politiques imbéciles.
Un idéal soumis au diktat des besoins et de l'argent gagné trop vite, trop mal, de l'argent issu de cours de soutien qui ne soutiennent que les soifs de gains.
Oui en 2012, je pleurais un idéal qui fut.
Je pleurais une passion que des gus mal lunés et peu au fait des besoins de leur société, et voulant l'arrimer, cette société contre ses vœux, contre sa nature, contre son identité, au moyen age , juste pour se la colorer en vert d’Arabie, plus arabe que l'arabe, celui-là même, qui ne les reconnait pas comme tel ni les accepte comme faisant partie des ses achika peuplant le Golf.
Je pleurai,disais-je, une passion dévorante qui, je le constate, s'émousse peu à peu, ça et là, me donnant ainsi l'impression d'assister à une greffe d' implants que la nature elle même refuse d'invalider avec un rejet de greffons en ligne de mire.
Ce soir,je suis aphone.
La fin de l'année scolaire est là.
Les grosses chaleurs aussi.
Et pour la première fois de ma vie, l'idée de lever un peu le pied s'invite et commence à germer dans ma tête.
Oh, Je ne farnienterais surement pas tout le temps, mais un travail à mi temps me semblerait actuellement plus adéquat .
Lever le pied totalement, je m'y ennuierais trop .
Et me rouler les pouces dans les parcs pour personnes désœuvrées ne m’intéresse pas trop.
Vous aussi,je crois.
Allez, allons respirer du bon air du dehors.
Ça nous changera les idées.
Ce soir, j'ai dit,en voix aphone, un cri muet dans le désert.
Mais, Il fait si bon ce soir.
Si bon, à dire.
Et, la passion de dire s'assoupit pour un temps.
Le temps qui passe.
Et nous avec.
Ce soir, j'ai vidé la besace.
Demain, à huit heures, un autre jour de turbin s'annonce et je me lèverai et j'irai bosser .
Les mioches méritent bien ma présence pour une autre journée de classe.
J'en serai heureux.
Ce soir, j'ai dit.
Mais ce soir,comme vous, je remets mes œillères.
C'est doux, de fermer les yeux.
Et de s'enfoncer dans ce silence.
Un silence nonchalamment douillet qui s’écoute dormir.
Dormir du sommeil qui laisse faire.
Ce soir , j'ai pleuré mon chagrin.
Avez-vous écouté ?

Hors ligne

 

Pied de page des forums

Propulsé par PunBB
© Copyright 2002–2005 Rickard Andersson
Traduction par punbb.fr