Menerville

"" Arbre avec des épines -
une chanson d'adieu
et un oiseau qui est perdu dans le brouillard.""

Ce matin,tôt, un chardonneret égaré,
Comme le fut sa famille depuis déjà,
Dans une brume matinale, s'est tu.
Il retient par devers lui,sa complainte oubliée
Et tous les ravissants chants que la nature
Généreuse lui a offert en cadeaux hérités
Pour la glorifier,elle, et sa compagne.
Sa moitié adorée, sa sittelle ancestrale.
Mais sa mélodie s’arrêta net au pieds
De sa Belle, disparue un matin sans soleil.
Il la pleure car arrêtée,géolée, barreaudée
Elle ne vole plus dans des cieux attristés.
Il la pleure , sincère, comme on pleure un pays
Sans repères dans lequel on se perd au mot
Liberté qui s'assombrit, se peinturant triste
De gris , enseveli sous une chape sombre
Et sans vie qui lui est venue sournoise
De contrées lointaines se géographisant
A l'est d'un monde immonde,hors du monde
Pleurer de ces larmes qu'il ne sentait plus
l’empêchant de chanter un monde miroité ,
Un monde perdu pourtant où même le soleil
Le soleil éteint, détourné,refuse de se lever
Pour éclairer un monde qui n'est plus
Un monde qui n'est, qui ne sera plus le sien.
Un monde en qui il ne se reconnait plus.
Ce matin tôt, un pauvre chardonneret s'est tu,
Pauvre oiseau perdu dans le brouillard
En un vol sans visibilité, se cognant sur
Des promesses de beaux temps inconnus
De jours radieux que sa mémoire infidèle
Ne restitue plus, de jours à venir que les siens,
Ses enfants, sans illusions, n’espérant plus rien,
Partent, une nuit, en une fuite secrète,risquée,
Sur l'eau salée, en un foutu jeu de hasard,
Une véritable roulette russe, un pari sur la vie.
Ce matin, un chardonneret s'est tu, s'est perdu
Dans un brouillard où les enfumeurs de vérité
Enterrent la joie, le bonheur d’être, d'un peuple
Endormi depuis des lustres, un peuple soumis où
Les bondieuseries règnent en conquérants impudiques.
Ce matin, un chardonneret s'est tu et un tas de glaçons
Installa la froidure, gelant une contrée sans lumière,
En une glaciation terrible qui se paroxymisera ce 4 mai
Jour d'assassinat programmé d'un avenir sans espoir.
Ce matin, un chardonneret aphone s'est tu depuis déjà ..

Et ,

" Sur la neige gelée ,
des moineaux engourdis
picorent à rien."